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I'm a bad girl. »





23 Décembre 201217h54

Ses pieds molletonnés dans des chaussettes étaient adossés en hauteur sur son radiateur. Avec un livre entre ses mains, May réfléchissait à quel point sa vie avait changé ces derniers mois. Elle soupira, dégoûtée par l'amertume qu'elle dégageait et qu'elle-même pouvait sentir. Ça la déprimait, mais ça ne lui donnait même plus envie de pleurer aujourd'hui. Parce que c'était comme ça, parce qu'elle l'avait accepté depuis longtemps désormais.
Son portable n'avait pas vibré depuis des heures. Quelque part elle imaginait Keith -ou peu importe qui il était- en train de préparer Noël avec ses frères et soeurs s'il en avait, ou en train de boire un verre avec des amis dans un des bars de Hellsbury. May ne savait quasiment rien de lui, et lui rien d'elle, mais ils parlaient, ils passaient leurs journées à ça. De tout, de rien, mais surtout de rien. Sans ambiguïté, leur relation commençait à s'essouffler, trop fiers chacun pour avouer à l'autre qu'il commençait à s'attacher ou tout du moins à s'habituer à leur routine. Elle le trouvait prétentieux parfois, drôle, souvent. Lui la trouvait trop méfiante et parfois sa manière de voir les choses un peu stupide. Mais il aimait sa douceur et sa sensibilité.

May avait gardé le secret et lui n'avait pas parlé de sa correspondance secrète à quiconque également. Elle ne pouvait pas vraiment dire que ça l'aidait, mais au moins ça lui changeait les idées quand les sbires d'Alienor lui faisaient la vie dure. C'était comme ça. C'était le prix à payer pour sauver son image et pour avoir un semblant de vie sociale, tout du moins devant Crown Elington.
Ses notes avaient continué de baisser, tout comme son poids sur la balance. Elle n'osait plus se brosser les cheveux de peur d'en arracher des touffes entières. Et personne ne semblait le remarquer. Et là, ça n’aurait pas dû être comme ça. Ses parents auraient du tirer la sonnette d'alarme depuis déjà des semaines mais ils ne semblaient rien voir, trop occupés à se disputer la plupart du temps. Même son petit frère, Timothee, était trop absorbé par sa propre vie pour comprendre le piège qui était en train de se refermer sur elle. Mais May était bien incapable de le dire, parce que si elle expliquait à voix haute tout ceci, ça le rendrait plus réel. Et malgré les sombres jours qui s'annonçaient, May gardait l'espoir que ça change.


***



Les flashs l'empêchaient de marcher sans prendre le risque de tomber, mais Alienor souriait quand même, faisant des signes aux paparazzis qui l'appelaient elle et son petit ami, Harry Styles.

_ Bébé viens on va par là.

Docilement elle se laissa prendre par la main et elle rentra dans la colocation, précédée par le brun qui ferma la porte derrière eux.

_ Tu aimes ça ?
_ C'est excitant un peu, et je ne suis pas habituée aux bains de foule. Qui aurait cru qu'il y aurait autant de photographes ?!
_ On aurait dit que quelqu'un les avait appelés, déclara Harry en lançant son manteau sur le canapé.
_ Ne les laissons pas gâcher notre dernière soirée ensemble, souffla Alienor qui sourit lumineusement au brun. A quelle heure part ton train demain ?
_ 13h quelque chose, je ne sais plus. On monte ?

Il posa ses mains sur ses hanches pour guider la blonde à travers la grande maison, bien qu'elle n'en ait pas besoin pour trouver le chemin jusqu'à la chambre du chanteur. Leur idylle n'avait rien d'un roman ou d'un film, ils étaient ensemble, en profitaient. Du moins Alienor en profitait.

_ Tu ne t'assois pas ?
_ Si, si, répondit la jeune blonde avec un sourire lacif.
_ Tu sais Aly, ton haut te va à merveille, mais je suis sûr que tu serais beaucoup mieux sans.
_ Ah oui ?
_ Oui.



***




_ Et tu vois c'est pour ça que les Lakers ont perdu la saison dernière, leur coach a été vendu ce pourri !
_ Juliet je ne comprends pas un mot de tout ce que tu viens de me dire, soupira Louis en essayant de se concentrer sur sa dissertation.
_ Tu ne regardes pas les saisons de basket ?
_ Non, répondit Louis qui écrivait sur son cahier, patiemment, pendant que son amie en face s'époumonait depuis les dix dernières minutes.
_ Mais c'est qui le mec dans notre duo hein ?
_ Certainement pas toi.

Juliet leva les yeux au ciel et écrivit deux mots sur sa copie avant de souffler et lâcher son stylo, faisant la moue.

_ Quoi encore ?
_ Je m'ennuie.
_ Le principe d'être à la bibliothèque c'est de travailler Jules.
_ J’en ai pas envie.
_ Sans déconner t'as jamais envie. Même moi je bosse plus que toi.
_ C'est pas très compliqué de faire plus en même temps, répondit la brune.
_ C'est alarmant que tu...
_ Si j'avais eu besoin d'une maman pour me faire la morale j'aurais appelé chez moi Louis. Alors ferme là. Ce que je voulais dire c'est, je m'ennuie, trouvons une occupation.
_ J'ai pas fini de travailler.

La jeune fille plissa les yeux, agacée. Puis d'un mouvement de main renversa la tasse qu'elle avait en face d'elle, le café coulant sur la copie de Louis.

_ Oh zut alors...
_ JULIET PUTAIN !
_ Juré que j'ai pas fais exprès ! dit-elle en levant les mains.
_ Je vais te tuer !
_ Oh oui ce sera toujours plus amusant que de travailler...
_ JULIET les partiels sont dans 20 fucking jours !
_ Mais tu t'en fous bordel, c'est pas comme si t'avais besoin de ce diplôme !
_ Et alors ?
_ Et alors viens, on va faire autre chose, on va s'amuser, le supplia la brune. Sors moi d'ici j'en peux plus cette bibliothèque pue le renfermé je te jure je sens déjà les spots me pousser sur le bout du nez à cause de l'humidité, en plus le gardien nous regarde bizarrement je crois que c'est un pervers, il me fait peur.
_ Tu racontes n'importe quoi, soupira Louis avec amertume en regardant sa copie gâchée.
_ Alllllllllllez Louis je t'en supplie on y va, on va se bourrer la gueule dans un bar pour Noël, les fêtes de fin d'année me dépriment...
_ Non je rentre à Doncaster pour Noël.
_ Raison de plus pour sortir maintenant, s'il te plait s'il te plaît s'il te plaît !
_ Tu me casses les couilles Juliet ! J’ai dit non !

Vexée, Juliet prit ses affaires en prenant soin de faire le plus de bruit possible et claqua la porte du bâtiment si fort que les murs en tremblèrent. Fatigué, Louis ramassa également ses affaires, rageusement. Il avait travaillé des heures sur sa dissertation, Juliet venait de tout gâcher. Son téléphone vibra, il avait rendez-vous avec Harry et Alienor dans un café.

Délicatement, Louis passa son manteau sur ses épaules et sortit de la bibliothèque après un coup de tête poli vers la bibliothécaire.

_ Joyeuses fêtes de fin d’année, sourit-elle derrière ses lunettes rétro.

Quelques flocons vinrent se coller sur son manteau, ça le fit sourire : il adorait la neige.
Dans Hellsburry régnait une effervescence touchante ; les enfants courraient dans les rues en criant, les amoureux se tenaient par la main en se jetant des regards timides, les parents offraient aux adolescents leurs premiers vins chauds, quelques paires de mitaines abandonnées gisaient par terre dans la neige qui recouvrait lentement toute parcelle colorée.

_ Salut, souffla Louis en s’installant sur la banquette en cuir où Harry était également assis. En face de lui, la très jolie blonde qui se trouvait être sa petite amie depuis plusieurs semaines lui jeta un regard presque lubrique qui le mit mal à l’aise. Alienor était une jeune fille très sûre d’elle, trop peut-être. Plus les semaines passaient, plus Harry s’enlisait dans une romance que les autres garçons du groupe ne voyaient pas d’un très bon œil. Pourtant, la jeune fille était polie, bien élevée, amusante. Et bien que le fait de d’accorder du temps à quelqu’un d’autre que sa petite personne ne pouvait pas avoir une mauvaise influence sur le bouclé, le courant ne passait pas avec la jolie blonde. Ses yeux étaient voilés d’une certaine perfidie, d’un petit quelque chose qui ne pouvait pas être anodin. Louis ne l’aimait pas.
_ Tu travaillais ? demanda Harry.
_ J’essayais, mais tu connais Juliet. Je finirais cette dissertation pendant les vacances, tant pis.
_ Quand je t’entends on dirait May, ma meilleure amie, dit Alienor en faisant des guillemets avec ses mains.
_ Pourquoi tu fais ça avec tes mains ? demanda Louis, répétant son geste.
_ Parce qu’elle s’est beaucoup éloignée ces temps-ci. On est plus aussi proches qu’avant.

Harry semblait être devenu soudainement très attentif.

_ Elle est distante, ajouta Alienor.
_ Tu sors avec Harry Styles, ça vient peut-être de là, dit Louis en jetant un coup d’œil distrait au café, cherchant un visage connu.
_ Elle est de nature jalouse, ce n’est un secret pour personne qu’elle en pince pour mon petit ami.
_ Alors c’est peut-être toi qui t’es éloignée pour protéger ton couple.

Le bouclé assistait à l’échange avec intérêt, un petit sourire collé aux lèvres. Les deux étaient loin du compte, lui connaissait les raisons de léthargie de la jeune fille, il essayait subtilement de mettre Alienor sur la voie ces dernières semaines mais celle-ci restait sourde à ses paroles. Elle détestait parler de May avec lui.

_ Je ne me sens pas menacée par elle. Je m’inquiète juste.
_ Oui, tu t’inquiètes autour d’un chocolat chaud dans un café très chaleureux accompagnée de ton petit ami, on te sens concernée, s’amusa Louis avec une moue réprobatrice. Le meilleur moyen d’aider ton amie est d’être présente pour elle.
_ Un peu comme tu fais avec Juliet ?
_ Oui, un peu comme ça, même si ça ne te regarde pas, répondit un peu trop sèchement Louis, vexant Alienor.

La jolie blonde n’aimait pas le manque d’intérêt que lui accordait Louis. Elle essayait d’attirer son attention, en vain depuis le début. Jugée en permanence par les membres du groupe, elle faisait son possible pour qu’ils l’aiment mais le courant ne passait pas, jamais. May lui avait un jour dit, lorsqu’elles étaient ados, que jamais elle ne se laisserait dicter sa conduite par les amis de son futur petit copain, qu’elle était en couple avec lui et pas sa bande de potes. Alienor savait qu’elle avait raison mais, elle avait envie que tout le monde l’aime. C’était puéril et viscéral.

_ Tu veux quoi ? demanda finalement Alienor en lui tendant la carte.
_ Un café crème, répondit Louis en reposant son regard sur elle.
_ Je te l’offre, annonça-t-elle.
_ Non, ce n’est pas nécessaire, mais merci.
_ J’insiste, dit-elle en se levant au comptoir pour aller chercher sa conso.

Les laissant entre garçons, Louis respira un peu. Harry avait un sourire énigmatique collé aux lèvres et n’avait pas pipé mot depuis le début.

_ Qu’est-ce que t’as à sourire comme ça toi ?
_ Rien, je suis heureux.
_ Ça te va bien, sourit Louis en se détendant. On rentre chez nous demain.

Le bouclé élargit son sourire. Il avait hâte de retrouver sa sœur, sa mère, sa famille et sa maison pour les fêtes de Noël. Son Holmes Chapel.

_ Un crème pour toi, annonça Alienor en accompagnant la tasse de son plus beau sourire. La sonnerie d’un portable lui fit renverser quelques gouttes sur la table.

_ Merde, c’est May, grogna la jeune fille en se mordant la lèvre inférieure.
_ Vas-y, décroches, dit Harry.
_ Non, ça peut attendre.
_ Vas-y Aly, si elle t’appelle c’est surement pour une bonne raison.
_ Merci pour le café, plaça Louis avant qu’elle n’aille sur la terrasse pour prendre l’appel.
_ Elle se donne beaucoup de mal pour te plaire, souligna Harry en faisant tourner sa cuillère dans sa tasse.
_ Et toi tu te donnes beaucoup de mal pour cacher ton jeu. Qu’est-ce qui se passe depuis ces dernières semaines ?
_ Rien, ronronna Harry.
_ Hazza, tu sais très bien que je ne te poserais pas la question dix milles fois…
_ Au contraire, tu vas me harceler pour savoir et tu sais très bien que j’adore ça !
_ T’es exaspérant.
_ Comme la fois où tu en étais à me surveiller dans mon sommeil, à Xfactor, pour savoir si Cher Lloyd et moi on s’était embrassés ou non. Tu mettais des messages subliminaux partout !
_ Il faut croire que je suis têtu, accorda Louis avec un sourire.
_ T’as perdu de ta vigueur depuis quelques temps.
_ Je sais, je suis assez fatigué… Je me pose des questions sur pas mal de choses.
_ Pas mal de choses ?
_ La vérité c’est que je m’inquiète beaucoup pour Juliet.
_ Pourquoi ?
_ Elle ne va pas bien. Elle parle toujours de fumer, boire, oublier, profiter… Elle n’a pas les pieds sur terre, et quand je vois sa sœur Abigael je me dis que ce n’est pas un problème d’éducation ou de manque d’attention vis-à-vis de ses parents… EH MAIS ATTENDS !

Harry sursauta.

_ Espèce d’enflure, t’es totalement en train de me faire changer de sujet !

Les yeux de Harry se remplirent de malice.

_ Styles, tu sais ce que je peux faire quand je veux obtenir quelque chose.
_ Ouais, ramener une fille défoncée à la coloc et dormir avec elle, par exemple.
_ Ça suffit, tu sais très bien que Juliet et moi on est juste amis.
_ Ton inquiétude avait l’air un peu plus qu’amicale, si tu veux mon avis.
_ Merci mais je ne l’ai pas demandé. Qu’est-ce qui se passe dans ta vie en ce moment Harry ? S’il te plait, dis le moi, j’ai l’impression de passer à côté de quelque chose.

Harry déverrouilla son portable et lui tendit. Louis lu les derniers messages d’une longue conversation qu’entretenait Harry avec une certaine May.

_ May comme la meilleure amie d’Alienor ?
_ Je crois que j’ai trouvé le parfait équilibre. Alienor est pleine de vie, sûre d’elle-même et fais l’amour comme une déesse…
_ Oui ça on l’avait entendu…
_ … Là où May est douce, subtile, compréhensive et pleine d’attentions. Il y a un truc chez cette fille, une mélancolie et une tristesse qui est vraiment attira…
_ Hazza, à quoi tu joues ?
_ Mais à rien Louis ! Je ne la drague pas ! Il n’y a rien d’ambiguë entre nous.
_ C’est pour cette raison qu’elle est rentrée dans ton répertoire sous un pseudonyme ?
_ Je ne tiens pas à ce qu’Aly soit au courant, c’est tout.
_ Et pourquoi ça ?

Le bouclé haussa les épaules et récupéra son Iphone.

_ C’est pas ses affaires, c’est tout. Alienor est vraiment bizarre quand je parle de May. Il y a un truc pas très clair dans leur amitié, c’est malsain. Je n’ai pas envie de créer des rivalités entre elles à cause de moi. Je sais que May en pince pour Harry Styles depuis le début, ça n’aurait pas été correct vis-à-vis d’Aly.
_ Non mais tu t’entends, s’insurgea Louis en chuchotant, tu parles de toi à la troisième personne maintenant !
_ Mais justement Lou, c’est là que ça devient intéressant ! May ne sait pas qui se cache derrière mon numéro. Elle ne sait pas qui je suis, c’est pour ça que notre relation est aussi saine. J’essaie de la comprendre, elle essaie de me connaître, on a une relation géniale.
_ C’est vraiment trop bizarre ton truc, dit Louis avec une mine réprobatrice.
_ Je te le dis, c’est exactement ce qu’il nous faudrait à tous. Savoir qu’on peut nous apprécier sans le côté « célèbre ». Je crois que c’est pour ça que je suis aussi épanoui ces derniers temps. J’ai une petite amie qui m’apporte tout ce que je demande sur le plan sexuel et sur tout ce qui tourne autour de la séduction…
_ Sans déconner, railla Louis en buvant une gorgée de café.
_ … et avec May, j’ai une relation très cérébrale. En plus de ça, elle développe chez moi une facette très empathique, je ne sais pas si tu l’as remarqué, mais je suis beaucoup moins centré sur moi. Elle a une bonne influence sur ma vie et indirectement, sur l’avenir du groupe.
_ Tu comptes lui dire que c’est toi, un jour ?
_ Je ne sais pas trop encore. Si Aly et moi on continue d’être ensemble, probablement pas. Je n’ai pas envie d’altérer leur amitié.
_ Crois-moi, je ne pense pas que tu joues un grand rôle dans l’altération de leur relation, répliqua l’aîné en jetant un coup d’œil à Alienor qui avait décroché le téléphone de son oreille et faisait la bise à un groupe de personnes, répondant distraitement à sa meilleure amie via le combiné.

Louis réfléchissait à tout ce qu’Harry venait de raconter. Peut-être qu’il avait raison. Ça devait être valorisant de se savoir aimé par une personne sans jamais qu’elle ne sache qu’elle était connue. On les avait prévenus, les gens allaient vouloir être leurs amis, profiter d’eux, de leur célébrité. Ils se devaient d’être méfiants.
Louis eut un petit sursaut. Il venait de mettre le doigt sur ce qui le dérangeait chez Alienor. Elle n’aimait pas Harry, elle aimait sa célébrité.

_ Je suis désolée, ça a été un peu plus long que prévu, dit la jeune fille en s’asseyant avec une mine exaspérée.

Harry passa affectueusement une main autour de ses épaules et elle se lova contre lui en fixant Louis.

_ Tout va bien ? s’enquit Harry.
_ Oui, merci. J’ai croisé un groupe d’amies dehors, elles étaient folles de jalousie de savoir que j’étais ta petite amie.

Le bouclé lâcha un rire amusé, flatté.

_ Je vais vous laisser en amoureux, dit Louis en leur faisant un signe de tête.
_ A la prochaine Louis, joyeux Noël, murmura Alienor.

Il se retourna, les observa une dernière fois et quitta le café.



***




Zayn marchait dans les rues, le col de son manteau relevé. Il n’avait qu’une hâte, retrouver sa voiture et le chauffage. Il déposa ses achats de Noël sur la plage arrière et mit le contact. Il fit quelques contrôles rétroviseurs et attendit que la voiture qui arrivait le double pour qu’il puisse s’insérer sur la voie. Elle ne roulait pas très vite, et son cœur s’emballa lorsqu’il vit qui était au volant. Sans réfléchir, il appuya sur la pédale et s’imbriqua derrière elle.
Il pouvait distinguer ses délicats poignets qui tenaient fébrilement le volant. Elle ne conduisait pas très bien, Rose. Il la suivit assez longtemps pour que cela devienne suspect. Il pouvait voir ses coups d’oeils dans le rétroviseur mais il ne céda pas, au contraire, il colla son parechoc au sien. Elle se mit à accélérer, donnant des coups de volants maladroits et Zayn n’eut aucun mal à la suivre, se délectant de cette course poursuite malsaine. La nuit était tombée, des flocons de neige avaient recouvert le macadam givré. Dans un coup de volant malhabile, Rose glissa sur la glace et planta sa voiture contre un luminaire. Elle coupa le contact et se mit à courir de toutes ses forces pour tenter de fuir Zayn qui, lui, était toujours dans sa voiture. Il accéléra et fit un dérapage pour lui barrer la route, manquant de peu de la renverser. Il sortit, claqua sèchement la portière avant de s’approcher d’elle. La poitrine de Rose se soulevant et se défaisait, son cœur battant la chamade. Epuisée par sa course, apeurée par l’accident qui venait d’avoir lieu, elle avait posé ses poings sur le capot de la voiture de Zayn et essayait de reprendre son souffle. Il apparut derrière elle et déplaça quelques mèches de manière à voir sa nuque. Elle eut un frisson et se retourna, ses iris s’arrondissant en découvrant qui venait de la filer. Elle eut un mouvement de recul, une véritable terreur se lisait dans ses prunelles. Les yeux chauds de Zayn n’en finissaient pas de la dévisager et elle tenta de s’échapper mais il la retint fermement, une main serrée autour de ses poignets. Elle se débattit, lâchant un gémissement de douleur.

_ Espèce de malade ! gronda-t-elle de sa voix rauque et masculine.

Il ne cilla pas et continua de la regarder jusqu’à ce qu’elle devienne un peu moins incontrôlable. Les cheveux en bataille, les lèvres bleuies par le froid, elle releva ses yeux gris vers les siens, noirs en cet instant précis. Et lorsque leurs pupilles se croisèrent, le corps de Rose se fit soudainement las. Zayn en profita pour passer une main autour de sa fine taille et de l’attirer à lui, collant ses hanches contre les siennes. Elle lâcha un soupir surpris, tenta de se débattre à nouveau mais Zayn tira ses cheveux vers le sol, relevant son visage vers le siens et attrapa ses lèvres avant qu’elle ne puisse bouger davantage. Elle le repoussa, gémissant contre ses lèvres chaudes mais il intensifia sa prise, l’asseyant sur le parechoc tandis que la tempête de neige les recouvrait de flocons blancs. Elle finit par passer ses bras autour de sa taille et à entrouvrir son orifice, y laissant un passage que Zayn n’eut aucune hésitation à emprunter. Il palpa son corps squelettique et entoura fermement ses bras autour d’elle, comme pour qu’elle ne s’échappe jamais.




***




_ C’est quoi ça ? C’EST QUOI CA ?

May gardait les yeux tournés vers le sol.

_ C’est de la merde, tu m’entends. Un torchon rempli de merde !

Son père jeta le bulletin sur le carrelage froid en un geste de colère incontrôlé. May releva les yeux vers lui et les commissures de ses lèvres se retroussèrent d’un minuscule sourire. Un regard de provocatrice.

_ Ramasse, gronda Phill Fields.

May ne cilla pas, se baissa pour ramasser son bulletin sans rompre le contact visuel. Elle attrapa le papier qu’elle froissa entre ses mains. La poigne de son père se referma sur son bras alors qu’elle était toujours accroupie et il la secoua sans cérémonie, broyant ses os de sa poigne de fer. Ses cheveux volèrent, elle sentit la douleur et un rire s’échappa de sa bouche et plus Phill la secouait, plus il lui faisait mal. Et plus il la blessait, plus elle riait fort.

_ Phill mais qu’est-ce qui te prends, arrête ! hurla Tara, la mère de May.
_ Elle se fout de ma gueule en plus !
_ PHILL ! hurla-t-elle à nouveau en lui agrippant le bras pour qu’il lâche leur fille. May fut projetée au sol et glissa sur le carrelage glacé. Sa peau râpa contre une plinthe en bois. La douleur aiguë fusa sur sa jambe et lui arracha un petit soupir surpris.
_ May Fields, tu files un mauvais coton. Si tu nous ponds à nouveau une merde comme ça, ce sera la pension. Tu m’as bien compris ? la menaça-t-il d’un doigt, les yeux gris de colère.

L’adolescente hocha la tête de haut en bas.

_ Maintenant dégage, hurla son père en donnant un coup de pied dans la plinthe sous les cris de sa femme. May se releva avec dignité, les observa un instant, imperturbable, et grimpa les marches qui la séparait de sa chambre.

Elle s’attendait à ce que les larmes viennent flouter sa vision mais rien n’en fit. Elle observa son reflet dans le miroir, comme si elle se voyait pour la première fois. Sa tête pivota légèrement sur la droite, sa main caressa sa joue et elle ferma les yeux avec un sourire.

« Les gens te respecteront le jour où tu te respecteras toi-même. »

May s’assit sur son lit. La piqure de la chair à vif, la douleur aiguë de sa jambe la lançait terriblement. Comme si c’était sa première blessure, elle observa le sang qui perlait sur son tibia. Pour la première fois, elle était fascinée.




***




31 décembre 2012



Musique : Do I wanna Know – Arctic Monkeys


Les fêtes de Noël avaient précipité tous les jeunes dans leurs familles. La soirée du nouvel an avait précipité tous les jeunes chez les One Direction.
Le groupe avait décidé d’organiser une grosse soirée pour fêter le passage de l’année 2012 à l’année 2013. La piscine couverte avait été remplie de mousse, le budget alcool avait fait exploser les comptes en banques et les décibels pulsaient à en faire vibrer les fondations. Les adolescents dansaient avec ferveur sur la piste de danse qui avait été aménagée dans le salon des garçons. Les chambres étaient occupées par des duos fiévreux qui expérimentaient une toute nouvelle palette de possibilités. Une chaleur humide régnait dans la maison entière.

Cait et Liz riaient sous cape en observant May et sa paire de Doc Martens, dansant sur la piste seule, ses longs cheveux lissés pour l’occasion formant un rideau devant son visage de poupée qu’elle avait laissé tel quel pour l’occasion, se fichant du maquillage ou tout autre artifice. Elle était animée d’une passion sourde qu’on pouvait distinguer dans ses yeux bronze. Elle avait découpé un vieux t-shirt noir et portait un jean taille haute noir délavé. Son ventre et ses cuisses avaient fondu depuis plusieurs mois, elle était exquise et un nombre impressionnant de garçons la regardait avec une lueur d’envie, derrière leurs verres de bière.

Cait et Liz ne riaient plus beaucoup. La tendance s’inversait. Elles avaient trop bu, l’une comme l’autre, et se balançaient de gauche à droite, d’avant en arrière pour essayer de tenir en équilibre alors qu’elles discutaient. Ré-inverser la tendance.

Dans un coin, Harry observait également May. Elle n’avait pas touché à un verre d’alcool depuis le début, là où Alienor ne faisait plus le compte. Elle riait trop fort, le serrait avec trop de vigueur lorsqu’elle s’approchait de lui, le mordait, s’en allait avec des yeux de chat en pensant qu’elle était désirable mais elle le répugnait. Ses lèvres étaient trop rouges, trop brillantes. Sa tenue, trop courte. Ses talons, trop hauts. Ses seins, trop remontés. Son parfum, trop capiteux.
Trop. C’en était trop.
Il vida d’un trait son Whisky-Coca, eut une grimace mais se donna un peu de courage. Pour une raison qu’il n’expliquait pas, il avait besoin d’aller voir May, ce soir, et de tout lui dire. Qui se cachait derrière Keith, et pour quelles raisons elle l’intéressait. Dieu qu’elle était désirable, les yeux fermés, la bouche entr’ouverte. Ses paupières s’ouvrirent et elle vit qu’il était devant elle, l’air grave. Ses prunelles bronze plongèrent dans celles azur.

_ Tu viens ? dit-il en lui tendant la main.

Elle le suivit, ignorant son geste, un regard derrière l’épaule pour vérifier qu’Alienor n’avait rien vu. Cette dernière était adossée contre un mur et avait capturé Louis, minaudant de manière ridicule alors que ce dernier cherchait Juliet du regard. La brune s’occupait d’une bouteille de Martini dont le niveau avait significativement baissé depuis le début de la soirée. Elle lui lançait des regards amusés alors que l’aîné essayait de se dépêtrer des bras d’Alienor.

_ Tu es le meilleur ami de Harry, disait-elle en posant un doigt pointu sur son torse.
_ Perspicace, très perspicace.
_ Donc tu es la personne la plus proche de lui à Hellsburry.
_ Encore une fois, tu as tout juste Aly. Si ça ne te dérange pas, j’aimerais aller voir J…
_ Est-ce qu’il te parle de moi ? le retint-t-elle d’une main ferme sur le torse, le plaquant au mur.

Il observa sa bouche rouge gluant et eut un mouvement de recul. Harry parlait davantage de May que d’Alienor depuis qu’il lui avait raconté sa correspondance secrète. Mais quand il parlait d’Alienor, ce n’était pas souvent dans des termes très élogieux. Il fallait avouer que la blonde mettait ses nerfs à vif et jouait beaucoup avec le feu.

_ Qu’est-ce qu’il raconte ? Que je suis une garce hein ? Que je suis une profiteuse… Mais vous ne comprenez rien vous les hommes, hein. Si j’en voulais à son argent ou à sa célébrité, je lui rendrais la vie facile, j’irais dans son sens, tout le temps… ça prouve bien que je l’aime pour ce qu’il est.
_ Ton comportement prouve juste que tu es une emmerdeuse Alienor, déclara Louis en décollant sa main de son torse pour aller rejoindre Juliet sur le canapé.
_ Dieu qu’elle est bourrée, lâcha la brune avec un sourire amusé.
_ Dieu qu’elle est collante surtout ! bougonna Louis. Je n’en peux plus, j’ai presque l’impression qu’elle essaie de me draguer.
_ Oh, ah bon ? railla Juliet.
_ Elle me dégoûte. Son petit air supérieur est insupportable.
_ Tu sais enfin ce que j’ai ressenti le jour de notre rencontre, ronronna Juliet en découpant un citron en quartiers.
_ Tu peux parler !
_ Tiens, dit-elle en lui tendant un shoot de Tequila pur. Elle déposa un peu de sel dans le creux que sa main formait lorsqu’il levait son pouce. Il sourit en comprenant ce qu’elle faisait.
_ Avec moi ?
_ Après. Vas-y, dit-elle en souriant.

Il lécha le sel, bu d’une traite la Tequila et Juliet lui donna un quartier de citron qu’il mordit avec enthousiasme.

_ Tu crois qu’ils sont ensemble ? demanda Owen en désignant le duo.
_ C’est de ma sœur que tu parles, répondit Abigael en jetant des regards hagards pour repérer Liam et ainsi l’éviter.
_ Justement, t’es censée être au courant non ?
_ Non, ils ne sont pas ensemble. Ils sont juste amis.
_ Je ne crois pas beaucoup à l’amitié fille-garçon, gronda-t-il en regardant avec un air menaçant Liam qui venait de passer devant eux en les observant, avant de détourner son regard.

Le chanteur eut une bouffée de rage. Il était chez lui après tout, Abigael et Owen devaient se douter qu’ils allaient se croiser. Il attrapa rageusement trois bouteilles vides, les enfourna dans un sac poubelle et traîna celui-ci dans le jardin, dans le but de le mettre dans une benne plus grande. Il y croisa Niall qui était en train de jeter le siens.

_ Ah tiens c’est toi, sourit le blond.
_ Ca m’aurait étonné que quelqu’un d’autre que toi ne s’occupe de la tenue de la maison, déclara Liam en soulevant le sac.
_ D’ailleurs tu sais où sont les autres ?
_ Louis est avec Juliet, Harry j’en sais rien et je n’ai pas croisé Zayn depuis le début de la soirée. C’est comme s’il avait disparu.
_ Il est étrange ces derniers temps, tu ne trouves pas ?
_ Pas plus que d’habitude, répondit Liam.
_ Je crois qu’il est amoureux, annonça savamment Niall.
_ Et sur quoi tu te bases pour dire ça ? On ne sait rien de Zayn, on ne sait jamais rien de lui d’ailleurs…
_ Je te le dis, c’est tout. Tu verras, tu verras, dit l’irlandais avec un air énigmatique.
_ Et toi, t’es amoureux ?
_ Et toi Liam ?

Le brun prit Niall sous son bras et lui frictionna les cheveux.

_ Qu’est-ce que je ferais sans toi Nialler…
_ Excusez-moi de vous déranger, les interrompis une voix, auriez-vous vu May Fields ?
_ Qui ?
_ Laissez tomber.

James reprit le chemin de la maison. Il avait trop bu. Tout était flou, l’air lui manquait. Au final, il n’allait pas retourner à la maison. Il s’assit sur les marches du patio et mit sa tête entre les genoux, prenant de grandes inspirations.

_ Eh ça va ?

Sans savoir qui était le garçon qui s’était assis à côté de lui, James fit « non » de la tête avec un air contrit.

_ Tu ne veux pas marcher un peu ?
_ Si.

James se releva et se retrouva nez-à-nez avec un garçon de son âge nommé Travis. Son visage se décomposa lorsqu’il croisa les yeux du garçon et n’y tenant plus, il lui vomit sur ses chaussures. Travis étouffa une exclamation de surprise. James s’essuya avec sa manche de chemise et lui jeta un regard d’excuse.

_ Je te repaierai une paire, désolé…
_ Non non, fit Travis en regardant avec dépit ses Nike bousillées. Paie moi un verre un de ces quatre pour te racheter.

James eut un mouvement de recul.

_ Pas ce soir, rigola Travis.
_ Je préfère te repayer tes chaussures. On sera quittes comme ça, dit James en fronçant les sourcils et en détournant le regard.

Travis baissa les yeux à son tour.

_ Tu as réfléchis à ce que je t’ai dis la dernière fo…
_ Tais-toi, l’interrompis sèchement James. Nous ne sommes pas pareils. Nous ne serons jamais pareils.




***




May restait droite comme un piquet, plutôt mal à l’aise. C’était la première fois qu’elle se trouvait dans la chambre d’un garçon. Celle de Harry était simple, mal rangée et sentait son odeur. Elle ferma les yeux pour s’en imprégner et les rouvrit immédiatement lorsqu’elle sentit le souffle du garçon dans sa nuque.

_ Ecoute, dit-elle en se retournant et en reculant de quelques pas, je ne sais vraiment pas ce qui se passe entre Alienor et toi en ce moment et concrètement, j’ai pas envie de me mettre en travers de quoi que ce soit qui puisse…
_ Je sais très bien quel genre de fille tu es, la rassura Harry en s’asseyant sur son lit en tailleur.
_ Non, tu ne le sais pas. Tu ne me connais pas.

Il se mordit les joues pour ne pas sourire. Bien sûr que si, il la connaissait. Il connaissait certains détails sur elle dont personne n’était au courant.

_ Pourquoi tu m’as amené ici ? demanda-t-elle en se postant à côté de la fenêtre pour regarder la vue des rues givrées, au loin.
_ J’avais quelque chose à te dire, d’important.

Elle se tourna vers lui et sur son visage s’affichait une profonde curiosité.
Mais ils furent interrompus par un décompte. Partout dans la maison ils entendaient hurler « 10, 9, 8, 7… » ; alors Harry s’approcha d’elle et lui releva doucement le menton, « 5, 4 » May sentit ses entrailles se contracter et son cœur battre la chamade alors que Harry tendait ses lèvres vers elle, « 2, 1… ». Au dernier moment, elle pivota son visage et apposa tendrement ses lèvres contre sa joue. Il sentait terriblement bon.

_ Bonne année Harry.
_ Bonne année, May, souffla-t-il en lui remettant une mèche qu’elle avait derrière l’oreille.

Après ce dernier contact d’une réelle intimité, elle brisa leur bulle et quitta la pièce. Harry se mordit la lèvre et eut un soupir.


Lorsqu’elle descendit l’escalier et qu’elle croisa quelques élèves, ils tenaient leurs portables à la main et la regardaient d’un air étrange. En faisant quelques pas de plus, trois personnes se retournèrent et chuchotèrent sur son passage. En arrivant dans la salle principale, elle se fit carrément dévisager par tout le monde. Mal à l’aise, elle chercha son sac pour avoir au moins l’air occupé à quelque chose. Mais elle n’en eut pas l’occasion. Cait et Liz bondirent sur elle.

_ Comment as-tu pu oser ?! hurla Liz
_ Quoi ?
_ Espèce de salope !

May sentit sa mâchoire se décrocher.

_ Mais de quoi est-ce que tu parles ? Qu’est-ce qui se passe ?

Plus elles criaient, plus les gens s’agglutinaient autour, se pressant les uns contre les autres pour ne rien louper de la scène.

_ De toute manière ce n’est pas étonnant de ta part, gronda Cait. Tu n’as jamais su exister par toi-même, il a toujours fallu que tu te serves des autres. Regarde avec Alienor, tu l’utilises ! Votre relation a toujours été basée sur le fait que tu avais besoin d’elle, et pas l’inverse.

May sentit son cœur battre plus vite alors qu’une poussée d’adrénaline pulsait dans ses veines. Une bouffée de colère l’emplit toute entière.

_ Ma relation avec Aly ne regarde qu’elle et moi. Je ne comprends pas de quoi vous parlez depuis le début et pourquoi vous m’agressez de cette manière. Je n’ai rien à me reprocher.
_ Menteuse !

Et Liz étouffa un sanglot tandis que Cait montrait son portable à May. Apparut alors à ses yeux une photo de Liz dans son plus simple appareil, cachant d’une main son intimité et ouvrant lascivement la bouche. May détourna les yeux de cette horreur.

_ Mais qu’est-ce que ça signifie ?
_ Arrête de jouer les victimes, tu as envoyé cette photo à Crown Elington tout entier ! cria quelqu’un sur la gauche.

May se rendit compte que tout le monde était rendu dans cette pièce et qu’elle était devenue le centre de l’attention. La musique avait été coupée, tout le monde les écoutait. Elle aperçut les One Direction au premier rang et le regard brûlant de Harry qui avait également reçu la photo. Elle pouvait lire de la colère et de la déception à travers ses iris azurs.

_ Mais… Mais ce n’est pas moi ! assura May en comprenant désormais l’ampleur de l’acte.
_ Espèce de salope.

Et Liz la gifla violement. Tout le monde retint son souffle, d’autres capturaient chaque seconde avec leurs portables, ne manquant pas une miette de la mémorable altercation qu’aura marqué ce début d’année 2013. May sentit son visage partir sur le côté et ses yeux se perler de larmes sous la violence du choc. Jamais elle n’avait eu aussi mal, et pourtant elle était habituée aux coups avec son père. L’humiliation devait rendre la douleur plus cuisante encore.

_ May, vas-t-en, déclara une voix masculine qu’elle connaissait bien.

Harry était en face d’elle et lui tendit son manteau et son sac. Il était devenu d’une froideur impassible. Elle essaya de lire dans ses yeux mais il ne lui fit pas le plaisir de regarder dans les siens. May se passa une main dans les cheveux, complètement sonnée.

_ Mais dis leur, toi, que ce n’est pas moi, murmura-t-elle en prenant son sac qui lui parut lourd, très lourd, soudainement. Elle croisa le regard d’Alienor qui baissa les yeux, comme si elle avait honte d’être sa meilleure amie et d’avoir un quelconque lien affectif avec elle, la traîtresse de Crown Elington.

Elle eut encore plus envie de pleurer. Son petit corps se fraya un passage jusqu’à la porte d’entrée sous les chuchotements de toute l’assemblée. Ses yeux plongèrent dans les prunelles de Zayn juste avant d’atteindre la sortie. Il la regardait intensément, essayant de comprendre et elle lui retourna le même regard, avant de tourner la poignée et de quitter la maison du Boyband. Alors qu’elle descendait les marches du perron, complètement sonnée, elle entendit la porte claquer une seconde fois. Elle se retourna.

_ Tu avais raison. En fait je ne te connais pas du tout, murmura froidement Harry en la jaugeant de sa hauteur.
_ Quelles raisons me portaient à croire que ça aurait été le cas, hein ? le provoqua-t-elle en relevant la tête dans un dernier mouvement de fierté.

Et au regard que lui lança le bouclé, elle comprit. Elle comprit que derrière le pseudonyme de « Keith » se cachait le chanteur depuis le début. Elle l’avait secrètement espéré mais n’avait jamais voulu vraiment y croire. Et il se tenait là, devant elle, et il avait voulu l’embrasser. Et cette photo était venue tout gâcher.
Tout ce qu’elle avait toujours espéré venait de s’évaporer pour laisser place au néant.

_ Oh mon Dieu, souffla May en détournant la tête, de la buée sortant de sa bouche.
_ Je veux que tu t’en ailles, gronda-t-il. Et que plus jamais tu ne reviennes.

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